2009 – Chronique d’un coup d’état par Patrick Leloup

Ces karana là aujourd’hui sont très européanisés . Ce ne sont pas les karana d’il y a 30 ans. Ce sont des mecs qui ont fait leurs études aux Etats-Unis, en Angleterre, dans les Grandes Ecoles en France. Et là, les français qui dirigent, qui sont dans la haute sphère, se reconnaissent en eux, beaucoup plus qu’avec les malgaches. Parce que les babakoto malgaches ici, il y en a un paquet.

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Il y a des malgaches qui sont au niveau de la tête du lémurien et il y a des malgaches qui sont au niveau du cul du lémurien.

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Ce groupe d’officiers généraux n’a jamais digéré que nos colonels prennent le pouvoir. Quand tu es militaire, il y a une hiérarchie. Il y avait 130 officiers généraux plus haut gradés que ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui. Ces 130 là n’ont jamais digérés. Et en plus, tous les généraux de l’époque de Ravalomanana ont été virés ou mis en semi-retraite. Ce ne sont que les colonels et les chefs de corps qui dirigent Madagascar aujourd’hui, avec qui on a traité le deal. Nous, on sait, quand on est militaire. Andry Rajoelina est fils de militaire. On ne va jamaiis  traiter avec un général qui n’a pas le commandement d’un régiment. On va traiter avec le colonel qui a le régiment sous sa botte. Le général, il n’est plus là. Il n’est plus obéi. Et c’est ça qui a fait le drame de l’armée malgache aujourd’hui. Ce sont les sous-officiers et les chefs de corps qui ont pris le pouvoir à Madagascar.

A l’épiscopat, quand l’ambassadeur américain va valider le directoire militaire, on arrive avec tous nos mecs, l’arme à la main. Et c’est là qu’on a été traité de putschiste. Parce qu’on a commis une erreur gravissime. Quand Ratsirahonana est là, et moi, je suis à côté, au téléphone en permanence avec les gars, y a des sergents, des adjudants qui prennent l’ambassadeur américain, lui tirent l’oreille et disent: « Toi, tu dégages sinon on te met une balle dans la tête tout de suite! ». Et l’ambassadeur américain nous en a voulu jusqu’à aujourd’hui même s’il n’était plus en poste. Il a dit: « Ce sont des putschistes ». Le rapport de cet homme là a fait que tous les Etats-Unis sont contre nous. Parce qu’il y a un connard de sous-officier qui lui a pris par l’oreille. C’était à la télé, partout. Il lui a dit: « Dehors! ». Il le pousse dans sa bagnole. Et Ratsirahonana lui dit: « Monsieur l’ambassadeur, quittez immédiatement les lieux sinon votre sécurité n’est plus assurée! ».  Le mec sort de là, hyper vexé, il en a fait une affaire personnelle et ses rapports ont été catastrophiques pour nous. Et quand on arrive là, on prend les quatre généraux et on les mets en prison pendant 24h. On les chope et on leur dit: « Soit, vous nous donnez le pouvoir, soit vous allez tous crever! »

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Les sous-officiers, Alfred et Solofo, qui sont avec moi, ils étaient là, ils m’ont dit: « Quelle joie on a eu de donner un coup de pied aux culs aux généraux! ». Pour eux, c’est un fantasme.

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Il y avait Hyppolite Ramaroson, Ranto et deux autres généraux, à qui on a donné le pouvoir. On leur a mis le pistolet sur la tête et on leur a dit: « Si vous n’acceptez pas de nous donner le pouvoir, on vous flingue tous les quatre dans l’heure qui suit! ». On les a menacés de mort.

On a cassé quelque chose qui est grave. Je suis fils de militaire, j’ai fait cinq ans d’école militaire, on a donné le pouvoir aux sous-officiers, et les sous-officiers ont botté le cul aux généraux. Ils les ont gifflés, bousculés, coups de pieds. Nous, on ne rigole pas. Et Hyppolite me dit: « Nous, on n’oubliera jamais. Je t’aime comme mon fils parce que tu es fou amoureux de ma fille mais je n’oublierai jamais que tes sous-officiers de merde m’ont botté le cul, et un jour, on reviendra. ». J’ai dit: « Hyppolite, moi, j’ai juré de donner ma fidélité à Andry Rajoelina. Si vous, n’importe lequel d’entre vous, vous mettez contre lui, je serai obligé, moi, jusqu’à mon dernier centime, de vous mettre une balle dans la tête, chacun à votre tour.

Je suis un métis, c’est ma ville. Ca fait 25 ans, 30 ans que je suis ici. Depuis 1985, je suis là. La différence entre vous et moi, c’est que moi, je vous poursuivrai vous, toute votre famille, tous vos enfants, je leur créerai l’enfer. Je paierai des gens qui vont créer l’enfer.

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Transcription libre à partir d’une vidéo YouTube